- ébaubi
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• XIIIe; var. de l'a. fr. abaubi, p. p. de abaubir « rendre bègue », du lat. balbus « bègue »♦ Fam. Extrêmement étonné, et spécialt frappé d'une stupeur admirative. ⇒ ébahi, 1. interdit, stupéfait. « Je suis tout ébaubie, et je tombe des nues » (Molière).⇒ÉBAUBI, IE, part. passé et adj.I.— Part. passé de ébaubir.II.— Emploi adj., fam. [Souvent en emploi attributif après être, laisser, demeurer, rester] Frappé de surprise au point de bégayer, de ne plus pouvoir s'exprimer. Air ébaubi, tout ébaubi de stupeur, de voir, demeurer ébaubi. Synon. éberlué, ébahi. Vous voilà bien ébaubi (Ac. 1798-1932). Il y a en elles un tas de complications mystérieuses qui me laissent ébaubi (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 167) :• Un autre, lorsqu'il se trouvait de faction nocturne à la porte cadenassée (...) l'ouvrait toute grande pour éviter aux Russes le passage difficile des barbelés : il est vrai qu'au retour il avait l'impudence de percevoir sa dîme sur le chocolat et les cigarettes. Un beau matin, j'en surpris un troisième qui lançait une boule de pain à un pauvre diable tout ébaubi.AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 180.— (Tout) ébaubi de/par. Je suis arrivé à la source de la lave et y suis resté tout ébaubi d'admiration (STENDHAL, Corresp., t. 3, 1800-42, p. 63). Avec ses airs de jeune bourgeoise candide et facilement ébaubie par un nom ou une situation (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 192).— Rare, emploi subst. Alors, ce garçon, là, l'ébaubi, qui à l'âge (...) l'âge adéquat (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 231).— P. anal. [En parlant d'un animal] Le petit chien, ébaubi, se gratta l'oreille, puis se blottit près la jupe de la pleureuse (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 511).Prononc. et Orth. :[ebobi]. Demi-longueur du [o] ds PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930. Fréq. abs. littér. :31.ébaubi, ie [ebobi] adj.ÉTYM. XIIIe, esbaubi; repris au XVIIe (Molière, Mme de Sévigné); anc. franç. abaubi, p. p. de abaubir « rendre bègue ». → Ébaubir, du lat. balbus « bègue ».❖♦ Qui est surpris au point de bégayer, de ne pouvoir s'exprimer, et, spécialt, frappé d'une stupeur admirative. ⇒ Ébahi, étonné, interdit, stupéfait, surpris. || Il en est resté tout ébaubi.1 Je suis toute ébaubie, et je tombe des nues !Molière, Tartuffe, V, 5.2 En outre elle était fière de montrer sa fille, de circuler dans la voiture blanche qui portait, sur le radiateur, la signature de son gendre et de faire raconter par Claire aux voisins ébaubis ses conversations avec des grands de la terre.A. Maurois, Terre promise, p. 179.3 Nous descendîmes d'auto à Esquemont. Et là, de nouveau, le maire nous reçut. Ce maire-là était aussi ébaubi devant Mme Pragen que l'autre; mais d'une autre façon, non plus comme un bourgeois, mais comme un paysan.Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 19.4 Enfin voilà un employé… Un vrai à lustrine… et puis trois !… dix autres !… tous en lustrine et binocles, à faux col celluloïd… Ah ! je m'arrête pile ! O cellulo !… ils m'interloquent ! C'est les premiers que je vois à Londres !… J'en demeure ébaubi ! Ils me fascinent…Céline, Guignol's band, p. 295.REM. Familier dans la langue classique, le mot a vieilli : il est aujourd'hui, soit régional, soit assez littéraire.
Encyclopédie Universelle. 2012.